La pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN) coûte aux économies des pays d’Afrique de l’Ouest 1 241 milliards FCFA de pertes annuelles. Une affirmation correcte reprise par le média en ligne sénégalais senenews.com, mais qui pourrait prêter à équivoque, puisque l’auteur de l’article n’a pas précisé qu’il s’agissait des pays d’Afrique de l’Ouest et non pas du Sénégal seulement.
Dans un article en ligne, le site d’informations, senenews.com, titre : « Pêche illégale : 1 241 milliards FCFA de pertes annuelles ».
Toutefois, le chiffre avancé dans le titre de l’article (1 241 milliards de francs CFA) est différent de celui donné dans le corps de l’article, qui fait état de 150 milliards de francs CFA (300 millions de dollars) de perte annuelle pour le Sénégal, du fait de la pêche illégale.
Contacté par téléphone, l’auteur de l’article a précisé que le montant de 1 241 milliards de francs CFA de perte annuelle due à la pêche illégale, couvre plutôt l’ensemble des pays de l’Afrique de l’Ouest, tandis que les 150 milliards de francs CFA concernent seulement le Sénégal.
Ce qu’il n’a pas été précisé dans le titre de son article, mais a promis de corriger sa méprise, à la suite de notre interpellation.
Pour nous assurer de la véracité des chiffres avancés par l’auteur de l’article objet de notre fact-check, nous avons contacté Aliou Bâ, responsable de la campagne Océan à Greenpeace Afrique, qui a confirmé leur exactitude.
Nous avons voulu confronter ces données avec celles du ministère sénégalais des Pêches et de l’Économie maritime, et éventuellement en savoir plus sur la méthode qu’il utilise dans la production de telles études.
En déclarant l’information sur les pertes annuelles en Afrique de l’Ouest et au Sénégal correcte, M. Mamadou Abibou Diagne, agent dudit-ministère informe, toutefois, que leurs services ne produisent pas, à proprement parler, d’études dans ce sens. “Ce sont des organismes internationaux partenaires du Sénégal (comme Greenpeace, par exemple, qui les réalisent. Et que ces études sont en réalité des projections. »
Comment celles-ci sont réalisées ? Selon Diagne, “il n’existe pas non plus de méthode standard, mais globalement les bureaux d’études ou les organismes internationaux se basent sur deux principaux indicateurs : socio-économiques et biophysiques. Le premier porte, entre autres, sur les pertes post-capture, le niveau de pauvreté des acteurs primaires, c’est-à-dire des pêcheurs artisanaux, etc. Le second critère prend en charge des données climatiques et environnementales comme la pollution des mers et océans, les activités de piratge, etc.”
Ces indicateurs permettent donc de procéder à des évaluations qui permettent à des organisations spécialisées de produire des raports et études chiffrés.
Avec plus 700 kilomètres de côte sur l’Océan Atlantique et quatre fleuves (Sénégal, Sine Saloum, Gambie et Casamance), le Sénégal est un pays de pêche.
La production annuelle en produits halieutiques dépasse les 500 000 tonnes.
En conclusion, les données chiffrées données par le site d’informations générales sénégalais senenews.com son correctes, mais l’auteur de l’article, qui a promis de corriger son “oubli”, n’a pas précisé s’il s’agissait de perte annuelle pour le seul Sénégal ou pour l’Afrique de l’Ouest dans sa globalité.
Par ailleurs, selon l’agent du ministère sénégalais des Pêches et de l’économie maritime cité plus haut, les chiffres avancés sont le résultat d’estimations effectuées par des organismes non gouvernementaux.
PS : Après ce fact-check, l’article de senenews.com a été corrigé, comme nous l’avez assuré son auteur.