Alors que le gouvernement, sur instruction du chef de l’Etat, Macky Sall, s’empresse de proposer un projet de loi pour une régulation des médias sociaux, 72% des Sénégalais estiment que « les médias devraient être libres de publier n’importe quelles opinion ou idées sans le contrôle du gouvernement », selon un sondage d’Afrobarometer.
Les Sénégalais, dans leur grande majorité, estiment que la liberté de presse existe bel et bien dans le pays. C’est le tout dernier sondage d’Afrobarometer et conduit par le Consortium pour la recherche sociale et sociale (CRES) qui le montre. En effet, « la grande majorité (75%) des citoyens affirment que les médias sont « assez libres » ou « entièrement libres » de publier ou de commenter l’actualité sans censure ni ingérence de l’Etat », peut-on lire dans l’étude.
De quoi réjouir les autorités publiques et améliorer le classement du Sénégal qui a perdu deux places dans le dernier palmarès de Reporter sans frontières sur la liberté de la presse dans le monde.
Sauf que le gouvernement s’empresse d’introduire un projet de loi polémique sur la réglementations des médias sociaux. Le président sénégalais Macky Sall ne rate aucune occasion pour appeler à « la régulation » ou la « règlementation » des médias sociaux, sur un ton qui fait se lever des organisations de défense de la liberté d’expression et autres « lanceurs d’alerte ».
Selon eux, cette volonté de l’exécutif exprime une tentative de « violation d’un principe consacré par la constitution Sénégal et les normes internationales auxquelles le Sénégal a souscrit. » En effet, pourquoi vouloir « réguler » alors que des lois réprimant les différentes infractions en ligne existent déjà ?
Avec le dernier sondage d’Afrobarometer, ces activistes disposent d’un argument de taille. Car, à la question : Laquelle des affirmations suivantes est la plus proche de votre opinion ?, « plus de sept Sénégalais sur 10 (72%) sont d’accord sur le fait que les médias devraient être libres de publier n’importe quelles opinion ou idées sans le contrôle du gouvernement. » (voir figure ci-dessus).
Dans une déclaration conjointe, au mois de mai dernier, ils alertaient déjà sur les risques de « censure» qui pèserait sur les médias en général (classiques, sociaux) avec le projet de loi annoncé. Il y a quelques jours, le Nigeria a suspendu Twitter, après que le média social a supprimé un tweet du président Muhammadu Buhari.