A Kër Thiossane, espace de recherches et de créations pluridisciplinaires, à Dakar, s’est tenu ce week-end un Open Lab et un panel ayant réuni divers acteurs de la Tech et de l’engagement social pour discuter de la problématique récurrente des inondations au Sénégal, en vue de proposer des solutions.
Drames familiaux s’il en sont, les inondations consécutives à la pluie sont récurrentes au Sénégal. Dans la capitale, Dakar, et dans plusieurs villes du pays, hivernage rime avec déplacements de populations, notamment les plus pauvres, chassées de chez elles, des écoles fermées, des routes impraticables, etc., dans les banlieues comme dans les villes. Manifestement l’action étatique est insuffisante. Dès lors des initiatives privées sont mises en place pour apporter des solutions via des applications technologiques.
C’est le cas d’inond’actions, « une plateforme citoyenne et bénévole », selon son concepteur, le géomaticien et professeur d’université Labaly Touré, « qui est une base de données fiables, grâce à une cartographie précise des zones les plus exposées aux inondations. » Cette solution innovante lancée pour la première fois au Sénégal sous le vocable inond’actions 221 est en passe d’être répliquée dans d’’autres pays d’Afrique (Cameroun, Niger, Tchad…).
Innovation sociale et technologique
Dans la recherche de solutions aux inondations, l’association sénégalaise pour l’amélioration du cadre de vie, UrbanSEN, n’est pas en reste. « Par une approche communautaire, qui inclut les populations, UrbanSEN s’investit dans l’entretien d’ouvrages de canalisation en outillant notamment des points focaux avec qui l’association partage de données climatologiques et environnementales via des SMS et les réseaux sociaux», explique Magatte Diouf Cissé, la chargée de programme. La même démarche est utilisée par GRET, le projet de gestion intégrée des risques d’inondations financé par l’Agence française de développement depuis 2019 et qui prend fin cette année 2021. En effet, selon, Khadim Diop, chef de projet, « grâce à la formation de marraines de quartiers, de lanceurs d’alerte, l’identification des zones basses, le sens de ruissellement des eaux de pluies, la lecture des images de drone et des cartes topographiques ne sont plus un secret pour les habitants des zones affectées par les inondations récurrentes. »
Lors de cet open lab, les différents intervenants ont insisté sur l’intelligence collective des techniciens et l’implication des populations victimes des inondations, comme l’a souligné Mouhamed Lamine Ndiaye, du collectif Open Street Maps. « En utilisant la technologie open source, nous impliquons davantage les populations, les jeunes des comités de quartier dans la collecte de données, les formons dans des domaines tels que la cartographie numérique, la collecte de données, etc. »
Ce qui constitue une excellente approche, en vue de créer une bonne alchimie entre innovations sociales et innovations technologiques. D’où le satisfécit exprimé par Estelle Demarcke, coordinatrice et productrice à Kër Thiossane pour qui l’objectif de la rencontre était de « réunir différents acteurs qui réfléchissent sur la problématique des inondations au Sénégal, les faire se rencontrer dans une dynamique complémentaire afin de proposer des solutions pertinentes. » De solutions, il en existe justement. Quid de leur application par les pouvoirs publics ? Nicolas Poussielgue, le directeur général de Dakar Institute of Technology, estime qu’il faille davantage insister sur « la communication et la sensibilisation, puisque qu’ils (les pouvoirs publics, Ndlr) n’ont pas souvent la connaissance des technologies. » Ou, manquent-ils de volonté politique ?